Bonjour à tous,
Cet article qui fait suite aux 2 mois passés chez Émilie Facerias dans la Manche pendant le 2e confinement où j’ai dû revenir case départ après un mois de mon aventure. J’ai eu la chance de rencontrer Emilie totalement par hasard ce qui m’a permis de profiter à fond de ma vie sédentaire non prévue pour avancer dans mon projet de rencontrer des gens inspirants qui travaillent sur l’humain avec les chevaux. Émilie est donc thérapeute avec les chevaux et m’a énormément aider à améliorer la relation avec ma jument.
J’aimerais vous faire part d’une réflexion que j’ai eu dernièrement pour se mettre au clair par rapport à nos intentions de départ lorsqu’on décide d’avoir notre propre cheval.
Quand on achète un cheval c’est souvent pour faire quelque chose avec lui. De la ballade, du saut, du dressage, c’est rarement pour le laisser au fond d’un champ vu le prix que ça coûte. Avant même d’avoir un cheval on a déjà tout un tas de rêves sur comment on veut qu’il soit aussi bien niveau caractère que robe et compagnie.
Seulement dans cette optique on part d’un postulat de départ que je veux justement mettre en lumière dans cet article.
On part du postulat que le cheval est là pour satisfaire notre désir, soit un désir affectif quand on veut créer une belle relation avec lui soit un désir sportif ou même que ce soit une ballade de temps en temps. On souhaite qu’il soit bien dressé pour cette ballade du dimanche pour ne pas se faire embarqué.
Sauf que le cheval n’a rien demandé. Il ne sait pas combien on l’a payé ni combien on paye sa pension ni pourquoi faire. Parfois l’envie de l’humain et l’envie du cheval de rester au pré avec ses copains et de la nourriture ne vont pas dans le même sens.
Alors c’est là qu’intervient la question : le cheval on veut le dresser pour nous obéir et qu’il soit disponible pour répondre à nos envies ? Ou on veut lui laisser son mot à dire comme on le ferait dans une relation d’humain à humain où on s’adapte et on fait des compromis ?
Évidemment c’est rarement où tout l’un ou tout l’autre. Mais notre tradition équestre nous a plutôt appris plus l’un que l’autre.
Pour ma part j’ai toujours souhaité entrer en relation avec un cheval, créer une relation de complicité où on se comprenne mutuellement, où il y a une telle symbiose qu’on se comprend d’un regard et que je n’ai même pas besoin d’un licol pour la mener. Et en même temps j’avais envie de faire des ballades, des longues randonnées avec un pic nique et qu’on traverse des rivières. Et aussi qu’on galope sur la plage.
Bref nous avons un tas d’attentes que l’on projette sur notre futur partenariat avec le cheval. Celles-ci mettent une certaine pression que le cheval peut ne pas supporter (comme ma jument) et dit clairement par tout un tas de réactions qu’elle n’est pas en accord avec mon état d’esprit.
Donc la question de fond est : est-ce que l’on est ok de se laisser guider par le cheval qui nous traduit notre état d’esprit intérieur, sans jugement et en toute vérité et simplicité ? Ce qui évidemment risque de remettre en cause toutes les projections, attentes et volontés qu’on avait de faire ceci ou cela.
Ou est-ce que l’on veut en faire quelque chose en particulier et auquel cas on cherche des méthodes de dressage pour parvenir à nos fins.
Il ne s’agit pas ici de deux modèles mais seulement de deux tendances. Forcément on va piocher un peu dans l’une et un peu dans l’autre.
Exemple : on va mettre un licol à son cheval (2è tendance car on va le dresser) puis on va lui proposer de rester en liberté avec nous (1ère tendance).
Autre précision, il n’y a aucun jugement de valeur sur la 1ère tendance ou la 2è. Les deux sont utiles. Dresser un cheval au doigt et à l’œil pour tracter ou débarder des zones humides en forêt est très beau et très utile. D’autant que le cheval et son meneur sont susceptibles d’avoir une très belle complicité.
Mais voilà cet article juste pour informer que le cheval a la capacité de nous emmener bien loin dans notre être intérieur, de nous faire comprendre beaucoup de choses sur nous-mêmes rien que par notre manière d’agir avec lui. Il est un possible thérapeute. Et aussi l’objet de nos désirs.
Certains chevaux ne vont pas se laisser dresser, ou ils se laisseront faire mais pas de la manière dont on l’avait prévu.
Je crois qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité d’un cheval à nous faire plaisir et donc au final à répondre à nos envies. Mais encore faut il ne jamais avoir de contrainte de temps. C’est la différence entre un objectif et une attente : l’attente pose une limite de temps. L’objectif est un rêve, un but mais il accepte d’être modifié, légèrement changé, d’être modelé.
Je me permets d’écrire cet article pour tous les gens qui comme moi galèrent avec « le cheval de leur vie ». Celui-ci les mènent dans de multiples remises en question, leur en fait voir de toutes les couleurs, c’est souvent compliqué et on finit par se demander si c’est nous ou le cheval qui cloche.
D’après les Grands Maîtres c’est plus nous quand même. Et c’est ça qu’est peut être le plus beau cadeau que nous offre le cheval : un miroir sur nous-mêmes, un scanner de nos émotions et de ce que l’on est. A nous d’essayer d’avancer avec ça. Peut être de faire des pauses parfois. D’accepter d’arriver à nos limites et de revenir plus tard sur quelque chose. Peut être de changer nos objectifs ou notre façon de faire. Souvent plus notre façon d’être d’ailleurs.
Enfin bref j’ai du mal à conclure cet article car il y aurait beaucoup de choses à dire.
Mon point de départ était juste de dire : sachez si vous voulez dresser ou entrer en relation avec votre cheval. Parce-que votre façon d’aborder le sujet ne sera probablement pas la même et votre déception non plus.
Sachez par avance que certains chevaux vont se laisser aborder et faire tels que vous le souhaitez. Mais avec d’autres la même méthode ne fonctionnera pas. Ce cheval vous pouvez l’écarter si par exemple vous avez un centre équestre et qu’il faut que des braves chevaux.
Mais les chevaux ont des messages à nous faire passer. Et c’est souvent les chevaux les plus problématiques qui pointent les choses les plus coincées en nous. A méditer … 😊
Petit rajout pour expliquer la raison de cet article : j’ai une jument que je n’arrive pas à dresser depuis 5 ans. Une ancienne trotteuse réformée. Je voudrais tellement faire de la ballade moi qui adore les chemins mais elle ne m’accepte absolument pas sur son dos. Même à pied les choses peuvent être compliquées. Je crois qu’au début comme la majorité des cavaliers j’étais plus parti pour la dresser pour en faire ma jument de ballade. 5 ans de remises en question de réussites mais surtout d’échecs. Jusqu’à ce que je comprenne qu’en fait ce que je voulais ce n’est pas la dresser mais juste être confortable pour elle, juste qu’elle ait envie d’être avec moi.
Et c’est en comprenant que je voulais juste entrer en relation avec elle et non la dresser, que j’ai lâché toutes mes attentes, que mon cœur est devenu tranquille à ses côtés, et qu’aujourd’hui pour la 1ère fois j’ai pu lui monter dessus au pas rênes longues en simple licol et qu’elle soit tranquille. Enfin tranquille avec un bon pas mais c’est comme ça qu’elle est quoi. 😊
Bon courage avec vos chevaux, ne lâchez rien ou plutôt sachez lâcher quand il faut et j’ai l’impression que le travail ne se finit jamais mais il y a certains déclics sur le chemin qui sont magiques !
En tout cas, en vous partageant mon expérience, j’espère que vous avez compris le message de cet article. Sachez reconnaître votre intention de départ : est-ce que vous voulez plutôt dresser votre cheval ou plutôt entrer en relation avec lui et le laisser vous mener vers votre être intérieur ? L’un ne va pas sans l’autre mais votre attitude sera différente et c’est ça l’important !
J’espère que ça vous permettra de savoir mieux pointer les outils dont vous avez besoin et les personnes pour vous accompagner dans ce chemin.
Quelle aventure passionnante que les chevaux !
A bientôt pour un prochain article !
Et je vous laisse avec une petite citation de Walter Badet à méditer 🙂
« Nous passons notre temps à leur dicter une conduite bien définie par nous les hommes. Nous pensons pour eux mais n’aimeraient-ils pas simplement qu’on se rejoigne dans l’instant ? »
Avec pourtant 2 fois ton âge, je prends des sacrées lessons de vie, tu possèdes une sacrée maturité mais surtout une belle sagesse.
Je t’ai découvert sur une vidéo fb et je me régale de ce qui se dégage de ce blog. Au plaisir de te suivre et d’apprendre de tes expériences pour mon aventure personnelle autour des chevaux.